Ce week-end restera dans les annales du badminton, mais pas pour les bonnes raisons. Certes, ce fut la première AG en visio (bravo aux équipes techniques). Néanmoins, il a été fait preuve d’une déconnexion par rapport aux réalités de terrain et d’une conception étrange de la démocratie.
En effet, cette AG n’a été qu’une chambre d’enregistrement, sans possibilité de poser de questions, en dehors des résultats comptables. Les débats ont été déplacés en marge de l’AG, lors du « forum » (phase de discussions le matin de l’AG). Malgré la promesse de pouvoir poser nos questions à l’issue de la deuxième journée, notre président a mis brutalement fin à l’exercice en coupant la connexion à l’issue de son discours.
Auparavant, nous avons écouté avec stupeur un bilan moral très positif du président, un discours extatique du DTN et constaté que toutes les propositions ont été adoptées avec 72% des voix au minimum ! Et pourtant, tout ne va pas pour le mieux dans le monde du badminton !
Nous en voulons pour preuves :
- A ce jour, le retard de la prise de licences s’élève à 7% : la rentrée est source de fortes inquiétudes pour les clubs
- Certains comités départementaux débutent l’olympiade à 6 ou 7, quand ils y arrivent ! Cette situation est très inquiétante pour cet échelon indispensable de la structure fédérale
- La crise sanitaire a suscité la plus grande incompréhension des acteurs dans les territoires, faute d’une communication claire et compréhensible :
- L’annonce de la saison blanche par un communiqué succinct
- Le lancement du AirBadminton, sans volants adéquats, qui a laissé croire aux collectivités qu’elles pouvaient remplacer des créneaux en gymnase par des créneaux sur leur parking
- Des évolutions du classement au 1er septembre 2020 dont l’objectif assumé était « de diminuer fortement toutes les cotes des meilleurs joueurs et joueuses (niveaux N et R) » et qui ont entraîné de nombreux bugs depuis 10 jours
- La participation fédérale de 2€ sur les compétitions privées adultes avait été votée en 2018 dans le but de soutenir la performance pour 2024 et la fidélisation par le numérique. Ce n’est plus le cas aujourd’hui : elle abonde désormais le budget global. Ce n’est pas comme cela que les licenciés l’accepteront, d’autant que ce fonds (qui a dépassé le montant prévisionnel de 100 k€ en 2019) alimente le bénéfice de l’exercice qui s’élève à 450 k€
- Paris 2024 est un enjeu majeur pour le badminton français. Les Jeux ont pourtant été largement absents des discours. Ils doivent être un levier d’action et de structuration fort en interne, pas uniquement une contrainte à travers le resserrement des effectifs du haut-niveau
Regrettons enfin qu’il n’y ait pas eu de communication sur le fait que tout licencié a la possibilité d’assister à l’AG.
Bien évidemment, il faut se satisfaire des résultats prometteurs (sportifs et sociétaux) du badminton français. Mais cette AG n’aura pas permis de reconnecter les licenciés à leur fédération, ni permis aux représentants des ligues de jouer ce rôle majeur de porte-parole des territoires. Un comble quand on s’enorgueillit d’innover démocratiquement.