Le badminton subit de plein fouet cette deuxième vague et sa cohorte de mesures destinées à l’endiguer. Contrairement à la première, elle survient alors que les clubs ne disposent pas d’une base solide.

Pour rappel, les publics prioritaires (pour l’instant) encore autorisés à pratiquer, dans les zones les plus touchées, sont les suivants :

  • Les scolaires et les mineurs dont la pratique est encadrée
  • Les étudiants STAPS ou en formation
  • Les sportifs professionnels ou de haut niveau
  • Les personnes pratiquant sur prescription médicale ou en situation de handicap

Qu’est-ce qui fait la plus-value des clubs de badminton fédérés ?

  • Leur structuration avec des bénévoles formé·e·s et des outils à disposition,
  • Des professionnel·le·s capables d’adapter la pratique à des publics très divers.

Les différences avec la pratique libre sont donc nombreuses : progresser, jouer avec des personnes différentes, partager des émotions, être acteur en participant à une aventure collective. Tout ce dont les mesures actuelles nous privent.

La double peine

Le monde du sport est un secteur économique à part entière : il y a des emplois dans les clubs – mis en activité partielle (il demeure la pratique jeune et l’encadrement des badistes sur les listes de haut-niveau) ; il y a également les enseignes sportives1, qui ne peuvent vendre du matériel pour l’heure inutilisable.

Il y a l’aspect sanitaire. D’un côté, on constate la perte de 25% des capacités cardiovasculaires chez les enfants en 40 ans. D’un autre, on interdit bon nombre d’activités sportives. Et contrairement à la période de confinement, plus de frénésie pour le footing après 21 heures. La sédentarité tuera plus que le coronavirus. Le sport, utilisé à bon escient, est le meilleur médicament qui soit.

Sans oublier la santé mentale. Pour certains, le club est le seul espace social avec des échanges et des relations. Cette privation engendre des conséquences fortes dans les situations d’isolement. Les associations peuvent changer des vies.

Ces constats sont énoncés par le mouvement sportif (à l’unisson, c’est à souligner) dans son appel au président de la République.

Les pistes de réflexion pour les clubs en matière d’animation

Les risques sont nombreux pour les associations :

  • D’un côté, les pertes en ressources financières dues à la chute des adhésions vont peser sur les charges fixes, en particulier le financement des emplois. Pour la plupart précaires, les professionnel·le·s du bad pourraient devenir les principales victimes.
  • D’un autre côté, il y a une réelle rupture de la dynamique bénévole et sociale. Face à cette situation incertaine et pénalisante, certains dirigeants pourraient se décourager et ne pas prolonger l’aventure. Et sans bénévoles, il n’y a plus d’associations pour dynamiser la vie locale.

Comment sauver les meubles ? Il y a d’une part les dispositifs d’aide au maintien de l’emploi qu’il faut solliciter. D’autre part, il faut de la réactivité pour proposer des nouvelles actions (éventuellement temporaires). Certains clubs ont par exemple mis en place une offre de stages jeunes pendant les vacances de la Toussaint. La rentrée pourrait être propice pour proposer aux collectivités les services d’éducateurs dont une partie du temps a été libérée par la fermeture des créneaux en soirée. D’autres ont également transformé des créneaux adultes avant 21h00 au bénéfice de l’école de jeunes.

Garder le contact

Quant aux adhérents, la baisse est dramatique et rien n’est fait pour les mettre en confiance pour l’avenir. Il apparaît donc crucial, comme rappelé dans cet article, de garder le contact :

  • en rappelant tout ce qui était mis en place dans le cadre des protocoles sanitaires
  • en informant régulièrement les adhérents perdus dans des dispositions préfectorales très variables (une cartographie collaborative avec les dispositions spécifiques à chaque territoire serait bénéfique)
  • en sollicitant l’avis des adhérents sur leurs attentes et en proposant « autre chose »

« Autre chose » peut prendre plusieurs formes. Actuellement, le badminton n’est plus possible pour les adultes dans beaucoup de territoires. Il reste donc des activités différentes pour se voir et partager un moment, ensemble, dans le respect des règles sanitaires. Certains clubs ont organisé des footings (par groupe de 6). D’autres investissent les espaces publics avec la découverte du AirBadminton (lorsque le temps s’y prête). D’autres enfin proposent des animations Fit’Minton. Réinventons notre vie associative pour préparer l’avenir et maintenir un lien.

Bien sûr, rien ne remplace la pratique du bad pour les passionnés. Mais le lien social reste la richesse des clubs, et il dépasse largement le cadre purement sportif. Comme au printemps dernier, c’est l’occasion de mobiliser les membres pour concevoir ou revoir le projet associatif, guide de l’action du club.

Les pistes de réflexion pour le monde sportif

La première étape est de fédérer l’ensemble des personnes qui partagent la passion pour un sport, quel qu’il soit et quelle que soit la motivation à le pratiquer. Le message adressé au président de la République est une brique salutaire. Les constats sont partagés. La communauté suivra-t-elle ?

Les conférences territoriales du sport en cours de lancement seront le lieu privilégié pour diffuser la culture du sport et de ses bienfaits auprès des décideurs. Investissons ces espaces. Dans chaque région, il faudra une action de plaidoyer coordonnée par la FFBaD.

La deuxième étape est de faire la preuve de la plus-value de la pratique d’activités sportives (structurées, avec une ambition éducative, citoyenne, sanitaire) et pas que physiques. Rendons-nous indispensables aux politiques publiques, locales ou nationales. Mettons les bienfaits des pratiques et la question du sens au cœur des politiques fédérales et associatives. Soyons force de propositions.

Le tissu associatif est le ciment de la société française. Il émancipe, il soutient, il épanouit, il éduque. Donnons-lui les moyens d’assumer ses ambitions tout en lui permettant de se réinventer. 18 millions de licenciés, ça fait pas mal d’idées potentielles à mettre en commun.

1 Les enseignes de badminton ne bénéficient généralement pas d’aides supplémentaires par rapport aux dispositifs de chômage partiel bien que la fermeture des clubs impacte directement leurs activités.